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Psaume 1
1 Heureux l’homme qui ne marche pas selon les conseils des *méchants, qui ne va pas se tenir sur le chemin des pécheurs, qui ne s’assied pas en compagnie des moqueurs. 2 Toute sa joie il la met dans la Loi de l’Eternel qu’il médite jour et nuit. 3 Il prospère comme un arbre planté près d’un courant d’eau ; il donne toujours son fruit lorsqu’en revient la saison. Son feuillage est toujours vert ; tout ce qu’il fait réussit.
4 Tel n’est pas le cas des méchants : ils sont pareils à la paille éparpillée par le vent. 5 Aussi, lors du jugement, ils ne subsisteront pas, et nul pécheur ne tiendra au rassemblement des justes. 6 Car l’Eternel veille sur la voie des justes ; mais le sentier des méchants les mène à la ruine.
Première partie: Accroche sur le thème de l’année: avec Jésus, que du bonheur ?
Ce psaume est bien connu, mais en le méditant, j’ai essayé de le lire avec des yeux neufs - comme le ferait quelqu’un qui n’a pas du tout de culture chrétienne.
Et en prenant un peu de recul, il y a deux choses qui m’ont frappées.
Ces deux choses seront développées dans deux parties, et une troisième partie sera consacrée à une application pour nous aujourd’hui.
La première est son affirmation un peu binaire, presque choquante: le méchant va à la ruine, tandis que l’homme qui suit la Loi de l’Éternel est heureux et prospère.
Donc, avec Dieu, que du bonheur ! Et pourtant, cette affirmation au sujet du bonheur, vous la voyez affichée ici avec un point d’interrogation.
En effet, quand on regarde autour de nous, l’affirmation un peu “binaire”/”brut de fonderie” de ce psaume est tout sauf évidente. Il suffit de suivre l'actualité pour se rendre compte que bon nombre de méchants prospèrent. Il suffit de lire le courrier de “portes ouvertes” pour se rendre compte que bon nombre de croyants ne prospèrent pas du tout.
La bible elle-même nous raconte des histoires de méchants qui prospèrent et de croyants qui subissent l’échec, la persécution ou la mort.
Et chacun d’entre nous, dans nos vies, n’avons-nous pas des exemples de moments ratés, pas du tout heureux, voire même difficiles ?
C’est la raison pour laquelle nous avons mis un point d’interrogation à notre thème de l’année… et nous allons, tout au long de cette année, explorer ce qu’en dit la bible.
Le premier passage que nous allons étudier, dès la semaine prochaine, c’est les béatitudes, ou le bonheur selon Jésus. Et vous verrez que Jésus renverse pas mal nos raisonnements… :)
Puis, nous étudierons Job et l’Ecclésiaste, qui posent la question du bonheur dans notre condition humaine: quand la souffrance est là, par exemple.
Et nous terminerons à la fin de l’année par l'épître aux Philippiens, l’épître de la joie. Mais là encore, c’est un titre paradoxal, parce que si son auteur, Paul parle bien de la joie, sa condition humaine au moment où il l’écrit est tout sauf joyeuse: En effet, au moment où il écrit cette lettre, Paul est en prison, abandonné de presque tous…
Voilà un bref aperçu de notre déroulé de l’année, auquel il faut rajouter des études en GBM, un WE d’église les 1er et 2 octobre prochains (pensez à vous inscrire) ainsi que des cultes thématiques en lien avec cette notion du bonheur. Je ne vais pas aller plus loin sur ce thème ce matin (quoique...), c'est en quelque sorte un "teaser" pour vous donner envie de suivre les prochains cultes !
Continuons donc, pour aujourd'hui, avec notre Psaume 1.
Deuxième partie: Loi et bonheur, vraiment ?
La deuxième chose qui m’a frappé, donc , c’est le verset 2: Toute sa joie il la met dans la Loi de l’Eternel qu’il médite jour et nuit.
Outch ! On va faire une expérience: Si vous prenez quelqu'un dans la rue, et que vous lui demandez à quoi il pense quand on lui dit “Loi”, ça donnerait quoi ?
interdiction
obligation
contrainte
contrôle
restriction de liberté
punition
…
La loi n’a pas bonne presse, et pourtant ce verset de la bible n’est pas isolé: on retrouve l’idée ailleurs dans la Bible, dans le Deutéronome, ou dans d’autres psaumes, comme le psaume 19 ou le psaume 119, etc….
Psaume 119:
12 Loué sois-tu, ô Eternel !
Enseigne-moi tes ordonnances !
13 Mes lèvres énumèrent
toutes les lois que tu as prononcées.
14 J’ai plus de joie à suivre tes préceptes
qu’à posséder tous les trésors.
15 Je veux méditer sur tes ordres,
et fixer mes regards sur les voies que tu traces.
16 Je trouve un grand plaisir dans ce que tu prescris
et je ne veux jamais oublier ta parole.
17 Fais du bien à ton serviteur, accorde-moi de vivre :
j’obéirai à ta parole !
18 Ouvre mes yeux pour que je voie
les merveilles de ta Loi !
19 Je suis étranger sur la terre :
ne me cache pas tes commandements !
20 A tout instant, je brûle du désir
de connaître tes lois.
….
24 Tes ordres font tout mon plaisir,
ils sont mes meilleurs conseillers.
44 J’observerai ta Loi
sans cesse et pour toujours,
45 alors je pourrai vivre dans la vraie liberté,
car j’ai à cœur de suivre tes préceptes.
Alors ?
Alors oui, vous avez bien entendu, le psalmiste associe la Loi et le plaisir, la loi et le bonheur, la loi et la joie !
C’est assez surprenant, non ? Parce que, franchement, qui aime la Loi ?
Qui d’entre nous lit le code pénal pour le plaisir ?
Ma fille apprend le code de la route en ce moment. Elle le fait parce qu’elle y est obligée, mais je ne crois pas qu’elle dirait que ça fait sa joie, son bonheur et son plaisir !
D’ailleurs, qui d’entre nous a remercié avec joie ses parents pour les règles de vie en vigueur à la maison ?
Qui d’entre nous a appelé son député avec plaisir pour le remercier pour les bonnes lois qu’il a voté ?
Alors comment on peut comprendre ces versets ?
Est-ce que les auteurs cherchent à bien se faire voir auprès de Dieu ?
Essayons de comprendre pourquoi Dieu a donné cette Loi, peut-être trouverons-nous des pistes
Je vous invite à lire plusieurs versets dans Deutéronome:4:39-40
39 Reconnais donc aujourd’hui et garde présent à l’esprit que l’Éternel seul est Dieu en haut dans le ciel et en bas sur la terre, et qu’il n’y en a pas d’autre.
40 Obéis à ses lois et à ses commandements que je te transmets aujourd’hui, afin que tu sois heureux, toi et tes enfants après toi, et que tu vives de nombreux jours dans le pays que l’Éternel ton Dieu te donne pour toujours.
Deutéronome 5: 28-33
28 (L’Éternel parle à Moise) J’ai entendu ce que t’a dit ce peuple et je l’approuve pleinement.
29 Si seulement ils pouvaient garder ces mêmes dispositions à me révérer et à suivre tous les jours tous mes commandements, afin qu’eux et leurs descendants soient heureux pour toujours.
30 Ayez donc soin de faire ce que l’Éternel votre Dieu vous a commandé, sans vous en détourner ni à droite ni à gauche.
….
33 Suivez exactement le chemin que l’Éternel votre Dieu vous a prescrit, et vous vivrez heureux et vous jouirez d’une longue vie dans le pays dont vous allez prendre possession.
(Et si ça vous suffit pas, on va encore poursuivre notre lecture au chapitre suivant)
Deutéronome 6: 1-3
1 Voici les commandements, les ordonnances et les lois que l’Éternel ton Dieu m’a chargé de t’enseigner pour que tu les appliques dans le pays où tu vas entrer pour en prendre possession,
2 et que tu respectes l’Éternel ton Dieu en obéissant toute ta vie à toutes ses ordonnances et à tous ses commandements que je te transmets. Ils sont pour toi, pour tes fils et pour leurs descendants. Ainsi tu jouiras d’une longue vie.
3 C’est pourquoi, ô Israël, écoute-les, veille à y obéir, et applique-les, afin d’être heureux et de devenir très nombreux dans ce pays ruisselant de lait et de miel, comme l’Éternel, le Dieu de tes ancêtres, te l’a dit.
Alors, pourquoi Dieu a donné cette loi ? …
Dieu a donné cette loi aux israélites pour les aider, pour les préserver du mal quand ils s’installent dans le pays promis, pour qu’ils aient une longue vie, bref…
Pour que les israélites soient heureux !
Et c’est pour ça que le psalmiste aime cette Loi. Parce qu’elle est un guide pour Israël, un moyen de vivre heureux !
Mais là, j’aimerais pointer du doigt une fausse manière de penser, qui peut être très subtile…
On peut lire ces versets de la manière suivante:
Moi, Dieu, je veux que tu m'obéisses. Et si tu m’obéis, alors, je te récompenserai.
Avec cette lecture, le bonheur serait une récompense à l’obéissance.
Et là, on commence à glisser… On commence à glisser, parce qu’on se met à penser que Dieu monnaye notre obéissance. Si tu fais ça… alors tu seras heureux, alors je ferai ça pour toi.
Et si on commence à penser comme ça, on va tout doucement penser que si on obéit, le bonheur nous est dû, on le mérite finalement…
Et si le bonheur n’est pas là, on va tout doucement se mettre à accuser Dieu de ne pas avoir rempli sa part du contrat.
Je crois que cette logique de récompense, de “mériter le bonheur” n’est pas la bonne.
Cette logique d’obéir à quelque chose de pénible pour gagner quelque chose de mieux n’est pas biblique.
Et ce pour plusieurs raisons:
1/ Cette vision de la Loi comme privation de liberté n’est pas bonne: le psaume 119 nous le disait plus haut: la Loi est source de liberté.
44 J’observerai ta Loi
sans cesse et pour toujours,
45 alors je pourrai vivre dans la vraie liberté,
car j’ai à cœur de suivre tes préceptes.
(Confirmé par la sociologie moderne: sans loi, c’est la loi du plus fort qui s'applique, la loi de la jungle)
2/ Le bonheur n’est pas une récompense à l’obéissance. C’est une conséquence.
J’aimerais vous donner deux exemples pour bien comprendre ce concept:
Si je veux faire un gâteau, je vais suivre une recette. En suivant cette recette pas à pas, à la fin j’obtiens un gâteau. C’est une conséquence. Le gâteau ne va pas me dire "C'est bien, tu as bien suivi les règles, tu mérites d’avoir un gâteau”
Deuxième exemple: si je veux aller à Bordeaux, je vais suivre les indications de mon GPS, et à la fin, je vais arriver à Bordeaux. Mais là encore, ça n’est pas une récompense: mon GPS ne va pas me dire “C’est bien, tu as fait tout ce que je t’ai ordonné, tu mérite “POUF” de te retrouver à Bordeaux !”
La difficulté, c’est que c’est une conséquence si tout le monde l’applique. Et l’histoire d’Israël a montré qu’il suffit parfois d’une seule personne qui ne l’applique pas pour que ça parte en cacahuète… je pense à l’histoire d’Akan, dans Josué, lors de la conquête du pays promis.
3/ Enfin, le plus important: ce qui faisait l’identité du peuple d’Israël, ça n’est pas son obéissance à la Loi, mais d’avoir été choisi par Dieu. Dieu a choisi Israël, et c’est parce qu’Israël a été choisi, parce qu’Israël avait la faveur de Dieu que Dieu a donné sa Loi. Et quand Israël a désobéi, il est resté Israël. Oui, il a subi les conséquences de sa désobéissance, et ça a été douloureux. Son bonheur était lié à son obéissance, mais PAS son identité. Son identité n’a pas été remise en cause. Rappelez vous l’étude du livre de Néhémie l’an dernier ! Même dispersé, même déporté, même démuni, Israël est resté le peuple de Dieu.
Si un de mes enfants fait une grosse bêtise, et que je me fâche après lui, il reste mon enfant. Je me fâche, certes, mais son identité n’est pas remise en cause: c’est mon enfant ! Même s'il fait une bêtise… Ça on le comprend bien. Alors pourquoi, quand on parle de Dieu, qui est infiniment plus parfait que nous, qui nous aime infiniment plus qu’on peut aimer en tant que parent, pourquoi on a du mal à voir Dieu comme ça ?
3ème partie: et nous aujourd’hui ?
Ok… très bien. Mais tout ce que je viens de dire, est-ce que c’est encore valable aujourd’hui ? Pour nous les chrétiens du XXIème siècle ?
Parce que nous ne sommes plus sous la Loi, n’est-ce pas ? En tant que chrétiens, nous sommes sauvés par la foi, par grâce, n’est-ce pas ? Alors est-ce que tout ce que je viens de dire est sans objet pour nous ?
Il me semble qu’on peut dire qu’il y a deux choses qui changent pour nous, par rapport à Israël.
La première est la nature même de la Loi. Nous ne sommes plus sous la Loi, mais Jésus nous a laissé des commandements: je lis dans Jean 13:34
Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres. Oui, comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres.
Dans la seconde épître de Jean, Jean reprend ce verset, mais cette fois ci nous dit que ce n’est pas un commandement nouveau:
2 Jean 1:5+
A présent, chère Dame, voici ce que je te demande — ce n’est pas un commandement nouveau que je t’écris, c’est celui que nous avons reçu dès le commencement : aimons-nous les uns les autres.
6 Et voici en quoi consiste l’amour : c’est que nous vivions selon les commandements de Dieu. Tel est le commandement selon lequel nous devons vivre, comme vous l’avez entendu depuis le commencement : il n’a pas d’autre but que de vous amener à vivre dans l’amour.
Paul le dit ailleurs autrement, en Romains 13:8-10
8 Car celui qui aime l’autre a satisfait à toutes les exigences de la *Loi.
9 En effet, des commandements comme : Tu ne commettras pas d’adultère, tu ne commettras pas de meurtre, tu ne voleras pas, tu ne convoiteras pas, et tous les autres, se trouvent récapitulés en cette seule parole : Aime ton prochain comme toi-même.
10 Celui qui aime ne cause aucun mal à son prochain. Aimer son prochain, c’est donc accomplir toute la Loi.
Paul écrit aussi en Galates 5:13-14
13 Oui, mes frères, vous avez été appelés à la liberté. Seulement, ne faites pas de cette liberté un prétexte pour vivre comme des hommes livrés à eux-mêmes. Au contraire, par amour, mettez-vous au service les uns des autres.
14 Car la *Loi se trouve accomplie tout entière par l’obéissance à cette seule parole : Aime ton prochain comme toi-même.
Et ce n’est pas Paul qui a inventé ça, puisque c’est Jésus lui-même qui le dit dans Matthieu 22:35+
35 Un enseignant de la *Loi, voulut lui tendre un piège à Jésus. Il lui demanda :
36 —Maître, quel est, dans la Loi, le commandement le plus grand ?
37 Jésus lui répondit :
—Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée.
38 C’est là le commandement le plus grand et le plus important.
39 Et il y en a un second qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
40 Tout ce qu’enseignent la Loi et les *prophètes est contenu dans ces deux commandements.
L’amour est donc la base et le point de départ de la Loi.
Le projet de Dieu pour le bonheur de ses enfants est là !
Et voilà la vraie raison pour laquelle le psalmiste aime tant la Loi de l’Eternel et pourquoi nous pouvons nous aussi nous approprier ces paroles et nous aussi aimer la Loi de Dieu et le remercier pour Ses commandements.
Le deuxième point qui change, me semble-t-il, c’est que cette Loi ne nous est plus étrangère, extérieure, mais intérieure, grâce à la présence de Dieu en nous. C’est l’Esprit Saint qui habite en nous et qui nous rend capable d’aimer, capable d’obéir et donc - capable d’être vraiment heureux ? (mais ça, on le développera un peu plus cette année…)
En tout cas, c’est l’Esprit Saint qui grave cette Loi dans nos cœurs, et qui nous fait sortir de notre logique "de mérite" ou de “récompense”.
Conclusion
1/ On a vu que le projet de Dieu est un projet de bonheur, et non de malheur. Les règles que Dieu donne, c’est pour notre bonheur. Et ces règles se résument en 1 mot : AIMER.
2/ On a vu aussi qu’il est dangereux de penser que ce bonheur est une récompense à notre obéissance. Si on obéit à Christ, ce n’est pas pour gagner des “bons points”, où à cause du regard des autres, mais par reconnaissance, parce qu’on a eu la faveur de Dieu et qu’Il sait mieux que nous, ce qui est bon pour nous.
3/ Ensuite, on a vu que quand nous transgressons ces règles (et non pas si nous transgressons), ça ne remet pas en cause notre identité d’enfant de Dieu. Quand on échoue, quand on se plante, quand on trébuche, pêche, quand notre amour défaille: soyons rassurés: Son amour à lui ne défaille pas. Et notre identité d’enfant de Dieu demeure.
4/ Finalement, tout ça nous donne plein de raisons d’aimer sa Loi, de Le louer et de Lui obéir !