Joseph
- Pardonner, c’est se souvenir et trouver la force de vivre (Genèse 42:124)
notes de Jean Marc cliquer ICI
Est-il possible de tout pardonner ? Je pense à :
• Cette femme pied-noire qui après sa conversion a réalisé tout à coup que Dieu aimait aussi les algériens et qu’elle devait apprendre à pardonner.
• Je me souviens aussi de ces rwuandais chrétiens, en pleine phase de reconstruction à Lyon. Ces hommes et ces femmes qui avaient tellement souffert que la notion de pardon était devenue existentielle pour survivre.
Est-il vraiment possible de tout pardonner ? Nous allons voir ce matin dans la suite de nos prédications sur Joseph, comment un processus est possible pour s’en sortir. Tout d’abord un petit récapitulatif des épisodes précédents, heu ... les prédications précédentes :
L’histoire de Joseph est l’exemple biblique par excellence d’un secret de famille et des conséquences pour les personnes concernées d’un héritage familial pas évident à assurer.
Il s’agit d’une longue histoire relatée de Genèse 37 à 50. Je vous rappelle pour ceux qui n’ont pas vu les épisodes précédents.
• Joseph est le onzième fils du patriarche Jacob. Il a 17 ans au moment où son histoire nous est rapportée.
• 17 ans, c’est l’âge d’une certaine naïveté, on rêve d’un monde à découvrir, d’expériences à tenter.
• Joseph va raconter à ses frères ses songes dans lesquels il imagine ses frères prosternés devant lui. Toutes les vérités ne sont pas bonne à dire si l’on veut respecter les codes familiaux !
• Les frères bondissent plein de colère sur lui, ils veulent se débarrasser du prétentieux et ils sont prêts à le tuer, finalement, ils le vendent à une caravane de commerçants qui passent par là pour aller en Egypte.
Le décor est posé, le secret de famille est scellé. Un secret qui sera lourd à porter pour les deux parties.
• Il pèsera sur le coeur de Joseph du poids d’une injustice intolérable. Une injustice qui le privera de ses attaches familiales.
• Ce secret pèsera aussi sur le coeur des frères bien sûr, montrant la réalité du coeur humain, avec la culpabilité d’un homicide.
• Un secret qui sera aussi lourd pour Jacob, le patriarche de la famille, qui va rapidement sentir combien l’histoire que ses fils lui rapportent est suspecte, mais il est impuissant à la dénouer. Lui, Jacob, le trompeur invétérer est trompé.
Mais l’auteur de la Genèse souligne surtout l’attitude de coeur de Joseph, il le présente comme étant un homme « en relation » avec Dieu.
Nous allons lire le texte biblique du jour dans Genèse 42:1-24, mais il faut savoir que vingt années se sont écoulées depuis le jour où Joseph a été humilié et jeté dans la citerne. Vingt années... mais les circonstances de sa vie ont changé. Joseph est maintenant le deuxième personnage de l'Egypte et ses dix frères sont là devant lui en ayant plus de quoi se nourrir. Pour Joseph les jours d'humiliation sont passés et nous pouvons nous poser la question maintenant: quel usage Joseph va-t-il faire de sa puissance ? Va-t-il condamner ses frères à un dur esclavage ? Oeil pour oeil, dent pour dent ? Que va faire Joseph ?
Lire Genèse 42:1-24
Avant la lecture du texte biblique, je posais la question si Joseph allait se venger ... Le texte biblique nous montre que Joseph va utiliser un autre moyen. Car lorsque l'on revoit des personnes avec lesquelles nous n'avons pas eu de relations pendant de nombreuses années, c'est tout le passé et les souvenirs qui reviennent à la surface, et il faut savoir les gérer. Le thème de mon message est donc : Pardonner, c’est se souvenir et trouver la force de vivre !
1. Le test de Joseph
Le moyen que Joseph va utiliser vis-à-vis de ses frères, c'est le test. Il va tester ses frères pour savoir où ils en sont vis-à-vis de lui et des autres. Il veut savoir si dans leur cœur il y a autant de jalousie qu'il y a 20 ans. Il veut savoir si cette jalousie s'est transmise sur Benjamin. Car il nous faut comprendre que Joseph et Benjamin étaient issus de la même mère qui s'appelaient Rachel. Mais que par contre les autres frères étaient issus de mères différentes, dont le nom était Bilha, Zilpa et Léa.
Joseph voulait éprouver ses frères pour savoir s'ils s'étaient repentis du crime commis 20 ans auparavant. Il savait que si la relation entre eux était artificielle, ce ne serait qu'une farce, et qu'il nous pourrait pas y avoir de véritable relation. On constate que Joseph avait reconnu ses frères, mais eux pas du tout... Et Joseph va jouer avec eux, un peu comme un chat avec sa souris. Son but n'était pas de se venger, alors qu'il aurait très bien pu le faire. Non Joseph a même de la sollicitude vis-à-vis d'eux. D'ailleurs, il y a des actes qui ne trompent pas, Joseph a fait appeler un de ses fils Manassé, ce qui signifie: Celui qui fait oublier. Et Joseph dira au travers de ce premier-né: Dieu m'a fait oublier toute ma peine et toute la maison de mon père.
2. Vécu de Joseph
Il y a donc eu dans le cœur de Joseph une transformation, une oeuvre de changement si nécessaire lorsqu'il y a eu sentiment d'injustice. Il a dû apprendre à pardonner et à essayer d’oublier. C'est nécessaire de passer par-là. Mais j’aimerai dire que cela ne suffit pas.
Souvent on me pose la question : « est-ce que cela aide de pardonner à la personne qui nous a agressés, même si celle-ci ne s’est pas repentie ou ne s’est pas excusée? »
Je pense, bien sûr, que de faire cette démarche de pardon dans le fond de son cœur est positif, mais nous devons faire attention que cela ne soit pas simplement un refoulement de nos émotions dans un coin de notre vie. Il est important que la personne qui a été blessée moralement ou physiquement le dise. Car croire que l’on pardonne sous des motifs évangéliques, alors qu’en réalité on refoule des émotions d’injustice, de haine ou de colère, c’est se mentir à soi-même et c’est très néfaste.
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En croyant « pardonner », si l’on est victime, on pense avoir régler son problème, alors qu’en fait on ne l’a que déplacé. Et quelques années après on s’aperçoit que d’autres difficultés apparaissent, par exemple une dépression. Car telle une tique, l’offense vécue s’accroche a votre mémoire : elle se nourrit de votre sang et de votre énergie, interdit l’oubli et infecte notre blessure de rancune et d’amertume ...
C’est pour cela qu’il est important de bien « traiter » des situations de conflits ou d’agressions de toutes sortes. Car il est impossible de bien pardonner si la personne coupable ne se repent pas ou en tous cas, si justice n’a pas été faite. Il faut donc qu’il y ait communication des faits et mise à jour des circonstances.
Mais revenons à Joseph et regardons dans cette situation familiale comment les choses se sont passées. On voit tout de même que dans cette première entrevue, Joseph traite ses frères sans ménagement. Et il les renvoie chez son père, avec des provisions quand même, mais en leurs demandant de ramener Benjamin. Et pour être sûr qu'ils reviennent, il va garder Siméon en otage. Alors vous vous imaginer la tête de Jacob et son refus tout d'abord de laisser partir Benjamin, mais il finit par céder. Et c'est la deuxième entrevue. Là, Joseph les accueille avec beaucoup de joie, il y a un grand festin et Joseph les renvoie de nouveau avec des provisions et à leur insu, il fait mettre l'argent que les frères lui avaient donnés en paiement des provisions et il place une coupe en argent dans le sac de Benjamin. Les frères partent, et Joseph envoie son intendant pour les rattraper et les accuse de l'avoir voler. Et bien sûr, la faute retombe sur Benjamin. Les frères sont consternés, ils s'imaginent la tête de leur père, s'ils ne rentrent pas avec leur frère... Et c'est là, dans ces circonstances troubles, que Juda va se livrer à un véritable plaidoyer pour son frère.
Lire 44:18-34.
Et avec ces paroles, Joseph craque. Là, il est convaincu que ses frères se sont repentis. Lire chap.45:1-9,14-15.
Il y a dans tout ce passage tous les ingrédients afin que le pardon et la réconciliation familiale aient lieu. Il y a la formulation de ce qui a été douloureux, il y a la repentance, le pardon, la réconciliation pratique et l'amour manifesté. Tous ces éléments ont leur importance, s'il en manque un, il manque un élément dans le processus.
Illustration par un schéma :
Joseph était un homme qui avait appris à pardonner. Il l'avait appris par Dieu. Pourquoi Dieu me direz-vous ? Et bien parce que Dieu est celui qui par excellence pardonne.
3. Profondeur du pardon
Dans la Bible, il est dit:
« Pardonnez-vous comme Christ vous a pardonné » (Eph.4:22).
Christ est l'exemple par excellence du pardon de Dieu. Et encore une fois le lieu du pardon, c'est la croix. Je ne sais pas comment vous vous avez vécu votre conversion, mais je peux vous dire que lors de ma conversion je n'étais pas fier de ce que j'étais. J'étais vraiment conscient de ma faiblesse et de mon péché. Et c'est dans cette attitude d'humiliation que Christ est venu me chercher et qu'il m'a pardonné.
Il doit donc y avoir une réalité du pardon vécue dans les deux sens: Dieu me pardonne, par l’œuvre de Jésus-Christ sur la croix. Mais je suis aussi invité à pardonner. L'Evangile de Matthieu (6:15) nous dit: « Si vous ne pardonnez aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos
fautes ».
Il y a donc un défi et un avertissement qui nous est adressé. Comprenons bien que si nous refusions de pardonner à son père, à sa mère ou bien à n'importe qui, Dieu ne nous pardonnera pas ! Et le fait de refuser de pardonner va agir comme un barrage dans nos vies. Il va créer des interdits dans une famille ou dans une communauté chrétienne. Je connais des églises où le fait de refuser de pardonner à quelqu'un montre qu'il y a encore de l'amertume, voir de la haine avec telle ou telle personne. Il faut donc crever l'abcès.
Très souvent on dit: « de toutes les manières, je ne veux plus lui parler, il a tord ... » (ce qui veut donc dire que j'ai raison ...). Alors il certain que si l'on veut rester dans une situation de conflit, il faut continuer à réfléchir comme cela, mais si par contre on a le désir ce changer et donc de faire confiance à Dieu. La Parole de Dieu nous montre que nous devons faire une démarche, faire le premier pas ! Et non pas garder de la rancune comme certain.
Vous me direz peut-être, mais que faire si notre requête est refusée ... C'est vrai que cela peut arriver. Mais est-ce que devant Dieu vous avez fait votre part ? Oui. Et bien vous devez faire confiance à Dieu et attendre. Dieu interviendra en son temps et ce n’est plus votre problème, c’est celui de votre interlocuteur. Votre responsabilité, c’est l’obéissance au fait de faire la démarche.
Pour faire une démarche vis-à-vis d'une personne, il y a une attitude de cœur à avoir:
1. Ne pas avoir une trop haute opinion de nous même (Rom.12:3), laisser notre orgueil. 2. Estimer les autres comme étant supérieur à nous même (Phil.2:3) et donc ne pas toujours chercher des excuses. 3. Ne pas se comparer à autrui (2 Cor.10:12,18; Gal.6:4). 4. Mettre les intérêts de Christ et de la Parole de Dieu avant les nôtres.
Comprenons bien que pour vivre cela il y aura des luttes, car c'est un combat spirituel.
J'aimerai que nous comprenions ce matin que le pardon n'est pas une option, cela fait partie de la relation normale que nous devons avoir avec les gens qui nous entourent.
Cela me rappelle l’histoire de ce père qui avait fait une différence entre ses deux jumelles. Une qui était belle et intelligente et l'autre, belle, mais muette. Ce père refusait l'handicap de son enfant et à cause de cela, il l'avait rejetée. Et un jour, vers l'âge de huit ans, la fille muette a mis le feu à sa chambre pour se venger de sa sœur, puis elle s'est enfuie. MAIS sa mère est morte dans les flammes pour essayer de la sauver, alors qu'elle n'était plus dans la chambre. A cause de cela, l'amertume de ce père n'a fait qu'augmenter à son égard. Et c'est bien des années plus tard, que cette famille s'est retrouvée et qu'il a fallu que ce père demande pardon pour tout le mal qu'il avait fait. Sa fille a aussi demandé pardon.
Dans l'exemple de Joseph, celui-ci avait compris que Dieu lui demandait de pardonner et de reconstruire une relation avec ses frères. Je noterai que dans le texte, rien ne nous le dit, mais on a une impression de lente maturation de Joseph suite aux épreuves et aux injustices. Mais Joseph a appris à être connecté sur Dieu, il savait l’écouter pour interpréter les songes et les rêves et je pense que dans l’intimité qu’il avait avec Lui, il a compris comment il devait se comporter vis-à-vis de ses frères.
Comprenons que nous ne sommes pas appelés à oublier l’événement douloureux. Le pardon, ce n’est pas l’oubli. Seul Dieu a cette capacité d’oublier.
Certaines personnes pensent que si elles se rappellent ce qui leurs a fait du mal, alors c’est le signe qu’elles n’ont pas pardonné. Et bien ce n’est pas vrai ! Il n’est pas possible d’oublier un événement qui nous a fait mal. Le souvenir relève de notre mémoire et le pardon, par contre de notre volonté profonde ! Ce n’est pas la même chose.
Et pour donner un exemple : croyez-vous que pour Jésus, la résurrection a fait oublier la croix ? Jésus-Christ est ressuscité avec ses cicatrices. Pour nous, c’est la même chose, nous gardons en nous les cicatrices de notre histoire, mais elles ne doivent plus être les signes d’accablement ou de condamnation. Et donc de mort spirituelle et relationnelle !!
Comprenons que le pardon de Dieu ne met pas un voile sur notre histoire, mais il nous permet de nous réconcilier avec notre passé et de l’intégrer à notre présent.
Et j'en arrive aux applications, très pratique : 1. Quand est-ce la dernière fois où vous avez demander pardon ? 2. Vous arrive-t-il de vous repentir suite à une mésentente par exemple ?
Pardonner, c'est une puissance qui nous libère de la douleur de l'offense. Soyons conscients que vivre en refusant de pardonner est une forme de mort.
Puissions-nous vivre le pardon régulièrement, non pas comme quelque chose d'extraordinaire, mais comme quelque chose de normal. Que Dieu bénisse richement toutes les démarches que nous pourrions entreprendre avec Sa force !
Je finis et conclus :
Nous avons tout au long de cette histoire de Joseph une saga familiale avec son secret de famille. Mais aussi la présentation de la manière dont Dieu agit :
• Dieu, souverain sur toutes les circonstances d’un homme et d’un peuple
• Dieu, Fidèle à Ses promesses
• Dieu qui guérit les cœurs brisés, soulage les opprimés
Que cette histoire nous encourage et fortifie notre foi. Apprenons à obéir à notre Dieu en pardonnant.
Amen